Qu'est-ce que la maladie de Crohn ?
La maladie de Crohn est une maladie intestinale qui cause l’inflammation de la paroi du tractus gastro-intestinal Toute partie du tractus gastro-intestinal peut être touchée, de la bouche à l'anus. Les symptômes peuvent inclure des douleurs abdominales, des diarrhées sanglantes et la perte de poids. Lorsque les personnes atteintes de la maladie de Crohn présentent des symptômes, la maladie est considérée comme « active ». Lorsque les symptômes disparaissent, on considère que la maladie est en « rémission ».
Qu’est-ce que l’adalimumab ?
L'adalimumab est un médicament biologique qui aide à réduire l'inflammation et à soulager la douleur chez les personnes souffrant de maladies inflammatoires telles que la maladie de Crohn. L'adalimumab agit en se liant au facteur de nécrose tumorale alpha et en bloquant l'effet inflammatoire, ce qui permet de réduire la douleur due à l'inflammation chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn. Pour la maladie de Crohn active, l'adalimumab est généralement injecté sous la peau à une dose initiale de 160 mg, suivie d'une dose de 80 mg deux semaines plus tard.
Qu’ont étudié les chercheurs ?
Les chercheurs ont cherché à savoir si l'adalimumab pouvait entraîner une rémission chez les personnes atteintes de formes modérées à sévères de la maladie de Crohn active. Ils ont également cherché à savoir si l'adalimumab pouvait soulager les symptômes de la maladie de Crohn et s'il était associé à des risques (c'est-à-dire des effets secondaires). Nous avons effectué des recherches dans la littérature médicale jusqu'au 16 avril 2019.
Qu’ont trouvé les chercheurs ?
Les chercheurs ont trouvé trois études avec un total de 714 participants adultes (> 18 ans). Les participants présentaient des formes modérées à sévères de la maladie de Crohn active. Au total, 451 participants ont été traités par l'adalimumab et 268 ont reçu un placebo (un faux médicament). Les participants traités par l'adalimumab ont été plus nombreux à atteindre une rémission ou une amélioration de leurs symptômes que ceux qui ont reçu un placebo. Les taux d'effets secondaires (adalimumab : 62 % ; placebo : 72 %), d’effets secondaires graves (adalimumab : 2 % ; placebo : 5 %) et d'abandon de l'étude en raison d'effets secondaires (adalimumab : 1 % ; placebo : 3 %) étaient plus faibles chez les participants recevant l'adalimumab que chez les participants recevant le placebo. Les effets secondaires couramment signalés comprenaient des réactions au site d’injection, des douleurs abdominales, de la fatigue, une aggravation de la maladie de Crohn et des nausées.
Conclusions
Des données probantes d’un niveau de confiance élevé suggèrent que le traitement des participants par l'adalimumab est meilleur que le traitement par placebo pour induire une rémission et améliorer les symptômes chez les personnes atteintes de formes modérées à sévères de la maladie de Crohn active. Les effets secondaires étaient moins fréquents chez les participants traités par l'adalimumab que chez les participants ayant reçu le placebo. Cependant, nous ne sommes pas certains de l'effet de l’adalimumab sur les effets secondaires en raison du faible nombre de ceux-ci. Par conséquent, aucune conclusion définitive ne peut être tirée concernant les risques (effets secondaires) de l’adalimumab dans la maladie de Crohn. D'autres études sont nécessaires pour examiner les bénéfices et les risques à long terme de l'utilisation de l’adalimumab chez les participants atteints de la maladie de Crohn.
Les données probantes d’un niveau de confiance élevé laissent penser que l’adalimumab est plus efficace que le placebo pour induire une rémission et une réponse cliniques chez les personnes atteintes d’une maladie de Crohn active modérée à sévère. Bien que les taux d'effets indésirables, d'effets indésirables graves et d'abandons pour cause d'effets indésirables aient été plus faibles chez les participants sous adalimumab que chez les participants sous placebo, nous ne sommes pas certains de l'effet de l’adalimumab sur les effets indésirables en raison du faible nombre de ceux-ci. Par conséquent, aucune conclusion définitive ne peut être tirée au sujet de la sécurité de l’adalimumab pour la maladie de Crohn. D'autres études sont nécessaires pour examiner l'efficacité et la tolérance à long terme de l'utilisation de l’adalimumab chez les participants atteints de la maladie de Crohn.
L'adalimumab est un anticorps monoclonal IgG1 qui cible et bloque le facteur de nécrose tumorale alpha, une cytokine pro-inflammatoire impliquée dans la pathogenèse de la maladie de Crohn. Une proportion significative de personnes atteintes de la maladie de Crohn ne répondent pas aux traitements conventionnels ou aux biothérapies ou présentent des effets indésirables significatifs. L’adalimumab peut potentiellement être une alternative efficace pour ces personnes.
Les objectifs de cette revue étaient d'évaluer l'efficacité et la tolérance de l'adalimumab pour l'induction de la rémission dans la maladie de Crohn.
Nous avons effectué des recherches sur Medline, Embase, CENTRAL, le registre spécialisé du groupe Cochrane sur le syndrome inflammatoire de l'intestin, Clinicaltrials.gov et le registre des essais de l'Organisation mondiale de la santé (ICTRP) de leur création au 16 avril 2019. Des références bibliographiques et des résumés de conférences ont été consultés pour identifier des études supplémentaires.
Les essais contrôlés randomisés (ECR) comparant toute dose d'adalimumab à un placebo ou à un comparateur actif chez des participants atteints de la maladie de Crohn active ont été inclus.
Deux auteurs ont indépendamment sélectionné les études avant d’en extraire les données et d’évaluer les biais à l'aide de l'outil Cochrane sur le risque de biais. Le critère de jugement principal était l’absence de rémission clinique telle que définie dans les études originales. La rémission clinique était caractérisée par un score inférieur à 150 sur l’Indice d'Activité de la Maladie de Crohn (en anglais : Crohn's disease activity index, CDAI). Parmi les critères de jugement secondaires figuraient l’absence de réponse clinique (définie par une diminution du score sur l'indice CDAI de > 100 points ou de > 70 points par rapport à l’inclusion), l’absence de rémission et de réponse endoscopiques, l'absence de rémission et de réponse histologiques, l'échec de sevrage des stéroïdes, les effets indésirables et les effets indésirables graves, l'abandon de l'étude en raison des effets indésirables ainsi que la qualité de vie mesurée par un instrument validé. Nous avons calculé le risque relatif (RR) et les intervalles de confiance à 95 % (IC à 95 %) pour les critères de jugement dichotomiques. Les données issues des études présentant des participants, interventions, critères de jugement et durées similaires ont été rassemblées pour l’analyse. Les données ont été analysées en intention de traiter. Le niveau de confiance général des données probantes a été évalué au moyen de la méthode GRADE.
Trois essais cliniques randomisés contrôlées contre placebo (714 participants adultes) ont été inclus. Les participants présentaient des formes modérées à sévères de la maladie de Crohn active (soit des scores compris entre 220 et 450 sur l’indice CDAI). Deux études ont été évaluées comme étant à faible risque de biais et une étude a été évaluée comme présentant un risque de biais peu clair. 76 % (342/451) des participants traités par l’adalimumab n'ont pas obtenu de rémission clinique à quatre semaines, contre 91 % (240/263) des participants sous placebo (RR 0,85 ; IC à 95 % 0,79 à 0,90 ; données probantes d’un niveau de confiance élevé). 44 % (197/451) des participants traités par l’adalimumab, contre 66 % (173/263) des participants sous placebo n'ont pas obtenu de réponse clinique à 70 points à quatre semaines (RR 0,68 ; IC à 95 % 0,59 à 0,79 ; données probantes d’un niveau de confiance élevé). Après quatre semaines, 57 % (257/451) des participants traités par l’adalimumab n’ont pas obtenu de réponse clinique à 100 points, contre 76 % (199/263) des participants sous placebo (RR 0,77 ; IC à 95 % 0,69 à 0,86 ; données probantes d’un niveau de confiance élevé). 62 % (165/268) des participants traités par l’adalimumab ont subi un effet indésirable, contre 72 % (188/263) des participants du groupe sous placebo (RR 0,90 ; IC à 95 % ; 0,74 à 1,09 ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). 2 % (6/268) des participants traités par l’adalimumab ont subi un effet indésirable grave contre 5 % (13/263) des participants du groupe sous placebo (RR 0,44 ; IC à 95 % 0,17 à 1,15 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Enfin, 1 % (3/268) des participants traités par l’adalimumab ont abandonné l’étude en raison d’effets indésirables, contre 3 % (8/268) des participants du groupe sous placebo (RR 0,38 ; IC à 95 % 0,11 à 1,30 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Les effets indésirables couramment signalés comprenaient des réactions au site d’injection, des douleurs abdominales, de la fatigue, une aggravation de la maladie de Crohn et des nausées. Les données sur la qualité de vie n’ont pas permis une méta-analyse. Trois études ont fait état d’une meilleure qualité de vie à quatre semaines avec l’adalimumab (mesurée par le questionnaire IBDQ, pour Inflammatory Bowel Disease Questionnaire, ou par le SF-36 ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Les études incluses ne rapportaient pas la rémission et la réponse endoscopiques, la rémission et la réponse histologiques, ni le sevrage des stéroïdes.
Post-édition : Thassia SILVA GOMES DE ARAUJO & Pomme GERARD (M2 ESIT, Université Sorbonne Nouvelle)