Les maladies cardiaques sont la cause la plus fréquente de décès dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la Santé. Une crise cardiaque peut être traitée soit avec un médicament appelé un thrombolytique (qui détruit le caillot à l'origine de la thrombose), soit chirurgicalement. Plus le thrombolytique est administré tôt, moins la victime risque de mourir ou de rester handicapée. La thrombolyse est habituellement administrée à l'hôpital mais son administration par les secours, avant l'arrivée à l'hôpital, peut être efficace pour gagner du temps et réduire les décès et invalidités chez les victimes de crises cardiaques.
Le but de cette étude était de comparer l'effet de l'administration pré-hospitalière et à l'hôpital d'un traitement thrombolytique sur la mortalité par toutes causes et l'invalidité chez les victimes de crise cardiaque. Nous avons effectué une recherche exhaustive de tous les essais portant sur ce critère d'évaluation. Deux auteurs ont travaillé de façon indépendante afin de s'assurer que nous ayons trouvé tous les essais et en ayons tiré les informations pertinentes. Nous avons trouvé en tout trois essais portant sur 538 participants qui ont pu être inclus dans cette revue. Nous avons trouvé des preuves de mauvaise qualité, desquelles il ressort que l'on ne peut savoir avec certitude si le nombre de décès était différent lorsque le traitement était administré avant l'arrivée à l'hôpital ou à l'hôpital (3 essais). Nous avons trouvé des preuves de bonne qualité indiquant que l'administration du traitement avant l'arrivée à l'hôpital réduisait de plus de 30 minutes le délai avant le traitement thrombolytique (deux études), et des preuves globalement de faible qualité que les effets secondaires tels que les réactions allergiques et les hémorragies étaient similaires que le traitement soit donné avant l'hospitalisation ou à l'hôpital. Les principales limites des preuves étaient le risque incertain ou élevé de biais des études et le faible nombre de sujets recrutés.
Nous concluons que l'administration du traitement thrombolytique avant l'arrivée à l'hôpital réduisait le délai avant que le sujet reçoive ce traitement. Les limites des preuves que nous avons trouvées doivent être examinées attentivement, en particulier dans les situations où la thrombolyse peut être administrée en toute sécurité et correctement par du personnel bien formé. Nous avons constaté qu'il n'y avait pas d'essais évaluant la thérapie thrombolytique pré-hospitalière dans les pays pauvres, et d'autres recherches menées dans ces situations apporteront davantage d'informations permettant de juger si ces modalités de traitement des crises cardiaques sont alors sûres et efficaces.
La thrombolyse pré-hospitalière réduit le délai de traitement, sur la base d'études menées dans les pays à revenus élevés. Dans les situations où elle peut être administrée en toute sécurité et correctement par du personnel bien formé, elle peut constituer une intervention appropriée. Elle a le potentiel de réduire le fardeau des infarctus du myocarde avec élévation de ST dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, en particulier pour les populations qui ont difficilement accès à un hôpital pouvant réaliser une thrombolyse ou une intervention coronarienne percutanée. Nous n'avons trouvé aucun essai comparatif randomisé évaluant l'efficacité de la thrombolyse pré-hospitalière en cas d'infarctus STEMI dans les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires. De grands essais contrôlés randomisés multicentriques de bonne qualité, menés dans des pays à ressources limitées, apporteront des preuves supplémentaires de l'efficacité et l'innocuité de cette intervention. Les décideurs locaux devront tenir compte de leurs besoins en fonction de leurs infrastructure de santé et de la répartition de la population. Ces considérations doivent être prises en compte lors de l'élaboration de directives cliniques pour la thrombolyse pré-hospitalière.
En cas d'infarctus du myocarde, une thrombolyse précoce est associée à de meilleurs résultats en termes de mortalité et de morbidité. Alors qu'elle est traditionnellement administrée à l'hôpital, la thrombolyse pré-hospitalière est proposée comme un moyen efficace de gagner du temps et de réduire mortalité et morbidité en cas d'infarctus du myocarde avec élévation du segment ST (STEMI). Bien que certaines preuves indiquent qu'elle peut être administrée en toute sécurité, les données d'essais contrôlés ne sont pas suffisantes pour déterminer si le moment de l'administration peut être un facteur de réduction des paramètres cliniques essentiels.
Évaluer la morbidité et la mortalité des thrombolyses pré-hospitalières et à l'hôpital en cas d'infarctus du myocarde avec élévation de ST.
Nous avons effectué notre recherche dans le registre central des essais contrôlés du Groupe Cochrane (CENTRAL), MEDLINE (OVID), EMBASE (OVID), deux index de citations sur le Web of Science (Thomson Reuters) et l'indice cumulé de la littérature en soins infirmiers et apparentés (CINAHL) pour trouver des essais contrôlés randomisés et la littérature grise publiée jusqu'à juin 2014. Nous avons également consulté les listes bibliographiques des articles identifiés, des registres d'essais cliniques et des sources de thèses non publiées. Nous n'avons pas contacté de laboratoires pharmaceutiques pour obtenir des articles publiés ou non publiés pertinents. Aucune restriction de langue, de date ou de publication n'a été appliquée. Le Groupe Cochrane sur la cardiologie a mené la recherche électronique primaire.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés comparant l'administration de la thrombolyse avant l'hospitalisation et en milieu hospitalier chez des sujets présentant un infarctus du myocarde avec élévation du segment ST diagnostiqué par un professionnel de la santé.
Deux auteurs ont trié indépendamment les études admissibles pour l'inclusion, extrait les données et évalué le risque de biais. Les désaccords ont été résolus par la consultation d'un troisième auteur. Nous avons contacté les auteurs des études susceptibles de convenir si nous avions besoin d'informations manquantes ou supplémentaires. Nous avons recueilli les données de ces essais relatives aux effets indésirables et à l'efficacité.
Nous avons inclus trois essais portant sur 538 participants. Nous avons trouvé des preuves de bonne qualité (deux essais, 438 participants) indiquant que l'administration du traitement avant l'arrivée à l'hôpital réduisait la mortalité par toutes causes en cas d'infarctus du myocarde avec élévation de ST (STEMI) par rapport au traitement à l'hôpital. Nous avons trouvé des preuves de bonne qualité (deux essais, 438 participants) indiquant qu'elle réduisait le délai avant le traitement thrombolytique par rapport au traitement à l'hôpital. Pour les événements indésirables, nous avons trouvé des preuves de qualité modérée que la survenance d'événements hémorragiques était similaire entre les participants qui reçoivent la thrombolyse avant l'hospitalisation ou à l'hôpital (deux essais, 438 participants), et des preuves de faible qualité que la survenue d'une fibrillation ventriculaire (deux essais, 178 participants), d'un accident vasculaire cérébral (un essai, 78 participants) et de réactions allergiques (un essai, 100 participants) était également similaire entre les deux groupes. Nous jugé que les études incluses avaient, dans l'ensemble, un risque incertain ou élevé de biais.
Traduction réalisée par Cochrane France