La lidocaïne intraveineuse et ses dérivés oraux soulagent la douleur due aux lésions du système nerveux (douleur neuropathique). Dans des études récentes, il a été démontré que la lidocaïne intraveineuse et ses analogues oraux, la mexilétine et la tocainide, soulagent la douleur neuropathique, un type de douleur occasionné par une maladie du système nerveux. Cependant, les preuves sont contradictoires. Les auteurs ont révisé toutes les études randomisées comparant ces médicaments à un placebo ou à d'autres analgésiques et ont observé que : les anesthésiques locaux étaient supérieurs au placebo en termes de réduction de l'intensité de la douleur neuropathique ; des données limitées n'ont mis en évidence aucune différence en termes d'efficacité et d'effets indésirables entre les anesthésiques locaux et la carbamazépine, l'amantadine, la gabapentine ou la morphine ; les anesthésiques locaux entraînaient davantage d'effets indésirables que le placebo ; et que les anesthésiques locaux étaient sûrs.
Ces essais cliniques contrôlés sur la douleur neuropathique ont permis de déterminer qu la lidocaïne et ses analogues oraux sont des médicaments sûrs, plus efficaces que le placebo et aussi efficaces que d'autres analgésiques. Les prochains essais devraient porter sur des maladies spécifiques et tester de nouveaux analogues de la lidocaïne avec de meilleurs profils de toxicité. Il est nécessaire de se centrer plus particulièrement sur les résultats mesurant la satisfaction des patients pour déterminer si le soulagement de la douleur significatif du point de vue statistique est pertinent cliniquement.
La lidocaïne, le mexilétine, la tocainide et la flécainide sont des anesthésiques locaux qui apportent un effet analgésique lorsqu'ils sont administrés par voie orale ou parentérale. Des études anciennes décrivaient l'utilisation de lidocaïne ou de procaïne par voie intraveineuse pour soulager la douleur due au cancer ou la douleur postopératoire. Un regain d'intérêt a eu lieu quelques décennies plus tard lorsque des séries de patients et des essais cliniques ont rapporté que la lidocaïne par voie parentérale ou ses analogues oraux, tocainide, méxiléine et flécainide, soulageaient la douleur neuropathique chez certains patients. Avec la publication récente d'essais cliniques suivant des normes de qualité, nous avons révisé l'utilisation de lidocaïne systémique et de ses analogues oraux en douleur neuropathique pour mettre à jour nos connaissances, mesurer leurs bénéfices et effets délétères et mieux définir leur rôle dans le traitement.
Évaluer le soulagement de la douleur et les effets indésirables entre les médicaments de type anesthésique local systémique et d'autres interventions de contrôle.
Nous avons effectué une recherche dans MEDLINE (de 1966 au 15 mai 2004), EMBASE (de janvier 1980 à décembre 2002), Cancer Lit (jusqu'au 15 décembre 2002), le registre Cochrane des essais contrôlés (2ème trimestre 2004),le Système pour l’Information en Littérature Grise en Europe (SIGLE), et LILACS, de janvier 1966 à mars 2001. Nous avons également recherché des actes de conférences, des ouvrages, des articles originaux et des revues.
Nous avons inclus des essais à assignation aléatoire, en double aveugle, avec un plan d'étude parallèle ou croisé. L'intervention de contrôlé était un placebo ou un médicament analgésique contre la douleur neuropathique quelle qu'en soit la cause.
Nous avons recueilli des données sur l'efficacité et la sécurité à partir de tous les essais publiés et non publiés. Nous avons calculé les quantités d'effet combinées en utilisant les données continues et binaires pour le soulagement de la douleur et les effets indésirables en tant que critères de jugement principal et secondaire, respectivement.
Trente-deux essais cliniques contrôlés satisfaisaient aux critères de sélection ; deux d'entre eux étaient des articles en double. Les médicaments de traitement étaient la lidocaïne intraveineuse (16 essais), la mexilétine (12 essais), la lidocaïne plus la mexilétine séquentiellement (un essai) et la tocainide (un essai). Vingt-et-un essais étaient des études croisées et neuf étaient des études parallèles. La lidocaïne et la mexilétine se sont avérées supérieures au placebo [différence moyenne pondérée (DMP) = -11 ; IC à 95 % : -15 à -7 ; P < 0,00001], et des données limitées n'ont mis en évidence aucune différence de l'efficacité (DMP = -0,6 ; IC à 95 % : -7 à 6) ou des événements indésirables versus carbamazépine, amantadine, gabapentine ou morphine. Dans ces essais, les anesthésiques locaux systémiques étaient sûrs, avec la non occurrence de toxicités mortelles ou dangereuses. L'analyse de la sensibilité a permis d'identifier la distribution des données dans trois essais comme étant une source probable d'hétérogénéité. Aucun biais de publication n'a été observé.
Translated by: French Cochrane Centre
Translation supported by: Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé Français